Il est des jours où tout est gris, gris dehors et gris dedans. Il est des jours comme cela où il nous semble que rien ne va. Soit, faisons avec. Dans ces moments là, j’aime à me recentrer et à me souvenir.
Et là, c’est cette chaude après midi du tout début de printemps qui est venue à moi. Une de mes balades où je suis entrée dans les bois du Mont Bart parés de milles couleurs et senteurs où j’ai rencontré une bien délicate fleur. Mais pas que.
Je pourrais vous parler de la violette odorante mais Babeth rencontrée au détour de mon chemin, a une plume experte des mots. Elle m’a autorisé à vous partager cet écrit, qui m’a beaucoup touché et ému dès son début. Je vous le livre ici.
Shoot à la violette
J’ai en moi ce regret de vous avoir abandonnés, obligée de rédiger des mots bien moins doux que ceux qu’à l’ instant j’écris pour vous.
Je reprends liberté et plume. Je retrouve mon vieux compagnon, Monsieur Canon qui n’ en pouvait plus de m’ attendre. Nous voici donc partis, bras-dessus, sangle dessous avec une irrésistible envie de sous-bois au fond de mon cœur et pour lui un seul objectif (!) des fleurs !
Je lui promets des campenottes … mais … tête de linotte, il est trop tard. Qu’importe. J’aime ce petit sentier caillouteux qui serpente en pente douce parsemé de rochers, de mousse et de ronces. Tiens une fauvette grisette… déjà ? La belle saison est donc bien là. Petite et querelleuse, la mésange bleue, rondelette et guillerette est trop rapide pour moi, je ne la poursuivrai pas.
Il est des instants qui se posent en douceur en nous, sur nos âmes et nos coeurs. Il est des secondes d’une grâce immobile. Ce moment précieux, mon sentier me l’ a offert comme l’aurait fait un amoureux. La forêt s’est faite estampe avec ce vert tendre des feuilles naissantes, comme un flou d’arrière plan. Et en dessous, en confidence, des ponctuations de couleurs… Vif et alerte mais rempli de pudeur: le poids de senteur. Peut-être se fait-il discret pour ne pas déranger des milliers de violettes… Et comme un nuage qui passe… leurs parfums emmêlés en un élixir de vie.
Je ne suis pas sur les coteaux de Grasse mais bien au Mont Bart. Et il vient joliment de déposer en moi la révérence du printemps. S’asseoir, ne plus penser qu’au merveilleux chatouillement du parfum de ces minuscules fleurs . Fredonner en pensant à nos grands-mères » l’ amour est un bouquet de violettes, l’ amour est plus doux que ces fleurettes, quand le bonheur en passant vous fait signe et s’arrête , il faut lui tendre la main sans attendre à demain … L’amour est un bouquet de violettes … » Le bonheur est passé, il m’ a fait signe et je me suis arrêtée sur mon petit sentier. J’ai suspendu le temps… le temps d’humer à m’ enivrer !
Un shoot à la violette ! Mais il y a plus original. Mon petit chemin allait m’offrir encore une belle rencontre, avec une belle personne cette fois. Une dame souriante portant un joli panier d’osier tout rempli de … vous l’ avez deviné … violettes ! Pas banal. Nadège de son prénom … Nadège et sa passion des fleurs et des plantes. Elle allait gentiment m’ apprendre le nom d’une autre belle du sous-bois: la corydale … vénéneuse attention … Nadège sait tout cela. Si vous désirez la suivre et apprendre à connaître la beauté des plantes , leurs dangerosités et surtout leurs bienfaits , elle vous emmènera sur mon petit sentier de ci, de là en vous expliquant chaque chose durant des randonnées de découverte. Sa voix est douce et reflète une bien belle passion. Connaître les fleurs , mieux les aimer, connaitre les plantes , mieux se soigner.
Mon chemin partagé avec Nadège et son panier de violettes. Un souvenir que je ne suis pas prête d’oublier.
Alors si vous aimez les fleurs … il y a mon chemin que je partage avec vous tout aussi volontiers que je vous donne les coordonnées de Nadège et des fleurs, ses plantes et son panier.
Je reviendrai tant que le pois de senteur sera en fleur et que la violette se fera coquette. Je reviendrai m’ assoir au Mont BART .
» Les fleurs du printemps sont les rêves de l’ hiver racontés, le matin , à la table des anges » écrivait Khalil Gibran.
BABETH
Merci Babeth pour cette parenthèse que tu m’as offerte !
Violette odorante?
Avec humilité, je remercie notre Dame nature. Après un examen méticuleux, il s’agissait bien de violette odorante (Viola odorata). Je ne voulais surtout pas cueillir une espèce protégée en Franche Comté : la violette des collines (Viola collina) ou la violette étonnante (Viola mirabilis).
Les différentes espèces de violettes sont difficiles à distinguer entre elles. La violette étonnante a des fleurs plutôt mauve ou violet pâle.Et surtout ce qu »‘on appelle un éperon qui est blanc.
Pour la violette des collines, elle est très velue notamment les pétioles des feuilles. Ses fleurs sont aussi beaucoup plus pâles.
L’éperon sur la photo ci dessous
Viola odorata a des fleurs d’un violet très intense. (parfois elles sont blanches) Et dégage un parfum puissant.
De ces fleurs si fines et discrètes, je fais une cueillette en délicatesse. Beaucoup de violettes ne sont pas odorantes, cela en est presque frustrant tant elles sont jolies.
Sirop de violettes
Connaissant ces vertus adoucissantes, j’ai choisi de transformer ces belles en sirop, parait il si difficile à obtenir.
Ce sirop aide à soigner la toux mais il peut aussi accompagner agréablement un vin pétillant comme les crémants.
La violette et ses feuilles pour les espèces non odorantes peut tout à fait être mise à sécher. Elle peut rentrer dans la compositions de l’infusion à 4 fleurs qui soigne toux et bronchite.
Dans mon petit panier, j’ai pesé 40 g de fleurs. Avec soin, j’ai retiré les tiges.
Ensuite j’ai testé 2 façons de faire.
Oh mais je m’attendais pas à cela en réalisant ce sirop : la couleur obtenue est incroyable ! pas besoin de colorants pour obtenir ce résultat ! cela a étonné pas mal de personnes !
Alors, revenons à la 1ere méthode : en infusant les violettes à froid
- Ingrédients:
20 g de violette, 300ml d’eau froide, la moitié d’un jus d’un demi citron, 310g de sucre blanc
J’ai placé le tout dans un bocal, fermé et laissé infuser toute une nuit (12h environ)
Ensuite j’ai filtré et pressé les fleurs pour en extraire les composants.
J’ai pesé le résultat , environ 310 ml.
J’ai ajouté le même poids de sucre et mis sur feu doux. Le sucre a lentement fondu et j’ai laissé 10 min à cuire en remuant de temps en temps. J’ai évité de faire bouillir comme préconisé.
Ensuite j’ai transféré le liquide chaud dans 2 petites bouteilles que j’ai bouché. J’ai laissé refroidir et placer au frigo pour meilleure conservation. Il faudrait mettre 600g de sucre pour garder à température ambiante et je trouve que cela fait trop de sucre.
Nous avons gouté le sirop obtenu. Le gout est bien là, délicat et fin.
La 2eme méthode est la quasi la même à part que j’ai versé de l’eau chaude (toujours 300ml) à 85°C sur les violettes avant de mettre infuser toute la nuit.
Le reste des proportions est identique et la méthode est la même.
Là on a un sirop beaucoup plus coloré. et beaucoup plus puissant en bouche. Le gout est différent de celui infusé à froid. Je préfère l’infusé à froid, plus subtil.
Si vous tentez la recette, restez aussi respectueux que possible de ces belles violettes car il faut du temps pour cette cueillette. Savourez ce moment dans les bois et profitez en pour vous évadez de votre quotidien !
1 Commentaire
Bonjour Nadège.
Comme je suis touchée de lire les mots que tu as employés à mon sujet.
Comme je suis ravie de » me » lire !
Comme je suis heureuse de découvrir ton article particulièrement intéressant. Une violette » étonnante » !!!! , m’ en voici toute étonnée et toute émoustillée. Je vais re partir en chasse pour essayer de trouver cette belle demoiselle là, un éperon blanc comme étendard . Sont-elles encore présentes en sous-bois ? Je verrai. Si cela n’ est pas le cas, je garde en mémoire cette info précieuse pour l’année prochaine. Faire la connaissance d’une violette étonnante … comme c’est épatant.
Merci à toi .
Amitié.
Babeth