L’égopode, la mal aimée des jardiniers

parterre d'egopode
Parterre d’égopode

L’égopode, les jardiniers ne l’apprécie pas ! Elle a une fâcheuse tendance à s’étaler sur les moindres petits bouts de terre nue.

C’est la mal aimée des plates bandes, elle se fait arracher sans ménagement !

Fort dommage quand on la connait un peu mieux. Certains la surnomme l’herbe aux goutteux, pied de chèvre, herbe de Saint-Gérard, petite angélique ou  podagraire.

Moi je l’adore ! La délicieuse Aegopodium podagraria ou égopode podagraire !

Ses feuilles très jeunes se mêlent à mes salades sauvages. Et il y a une recette de soufflé que j’avais envie de tenter depuis longtemps avec elle.

Un peu marre du goût traditionnel de nos légumes habituels, j’ai remplacé l’épinard par l’égopode.

Oh surprise, ma petite famille a trouvé cela encore meilleur 🙂 (heureusement, car sinon, comment continuer de leur faire découvrir mes recettes aux plantes sauvages… 🙂 )

Recette du soufflé à l’égopode

Une fois n’est pas coutume, je vais commencer par vous partager la recette de ce soufflé revisité !

Ingrédients:

Egopode : environ 200 g, Ricotta : 400g, Oeufs : 4, Parmesan : 120 g

Préparation :

Raper le parmesan.

Laver l’égopode, enlever les pétioles les plus épais.

Dans un mixeur : Casser les oeufs. Ajouter la ricotta et l’égopode. Mixer jusqu’à ce que l’égopode soit haché fin.

mélange egopode ricotta oeuf
Mélange oeufs, ricotta, égopode mixé

Ajouter le parmesan et mélanger.

Beurrer des ramequins et verser la préparation

prepaparation dans des ramequins

Cuire au four à 180°C pendant 30 min. Servez de suite car ils retombent très vite !!

soufflé cuit

Avez vous de l’égopode dans votre jardin ?

Avant la recette, il y a la cueillette. J’ai la chance d’avoir l’égopode au pied de ma maison. Une année, mon oncle s’est évertué à vouloir l’arracher (je ne connaissais pas encore son côté comestible)…  et bien, raté, elle a repoussé de plus belle  !

Je vous le présente dans le détail :

C’est encore une histoire de 3 : Ces feuilles inférieures sont munies d’un long pétiole de section en V, (la forme d’une petite gouttière).

Elles sont  divisées en trois folio­les elles-mêmes plus ou moins divisées en trois et dentées en scie sur leur bords.

egopode feuille
tige en V
Tige egopode en V

Elle mesure de 30 à 1 m de haut. Elle est glabre. 

Ses petites fleurs blan­ches sont groupées en ombelles hémisphériques. Elle fleurit de juin à aout.

fleur egopode

Côté racine, ce sont des rhizomes, les fameux qui font que la plante s’étale à vitesse grand V. Ils sont rougeâtres et assez fins.

Elle va souvent redonner des rejets en automne.

A part dans mon jardin, où pousse t’elle ?

Elle fait partie de la famille des apiacées à laquelle appartient la carotte mais aussi des plantes moins sympathique comme la cigüe. Pas de risque de la confondre avec cette dernière, les feuilles ne se ressemblent pas du tout.

La cigüe

Son nom est  formé sur le grec aïx, aïgos, chèvre, et podion petit pied, patte. Les folioles latérales sont habituellement divisées en deux comme les sabots d’une chèvre. L’épithète « podagraria » se rapporte aux vertus médicinales de la plante. Diurétique, elle permettrait de lutter contre la goutte, appelée aussi « podagre ».

Elle aime pousser dans les jardins (vous l’aurez compris:) ). On la trouve aussi dans les bois, les haies d’arbres, les friches. Et fréquemment à proximité d’habitations, en tout sol, sauf très pauvre. Elle est très  commune en Europe, et notamment en France, mais rare dans le Sud.

Quoi et quand la manger plutôt que l’arracher :

L’égopode était autrefois cultivé  comme plante potagère. L’égopode est riche en protides, en provitamine A et en vitamine C.

Les jeunes feuilles sont donc excellentes en salade. Vous les reconnaitrez à leur aspect fripé (elles s’ouvrent tout juste) et vert transparent. Il faut parfois chercher dessous les feuilles anciennes pour les trouver.

Je vous mets une photo :

jeune feuille d'égopode
Jeune pousse d’égopode

Ensuite les feuilles plus  développées sont plus vertes foncées et on va les consommer plutôt comme des légumes. Les pétioles devenant coriaces, il sera préférable de les retirer avant cuisson.

egopode feuilles
feuilles d’égopode plus agée

Leur goût est unique. Je le trouve acidulé. Difficile de décrire la saveur, A vous de goutter et de me dire si vous appréciez ou non 🙂

On peut l’associer à l’ortie en soupe, pesto, , garnies des pommes de terre, sur des pizzas, tartes, dans les ragoûts, sauce tomate, smoothie ou de beurre persillé.

Il peut aussi se faire sécher, blanchir ou surgeler.

Les fleurs crues peuvent servir à décorer des plats de légumes durant les mois de juin à août.

Je vous ajoute d’autres recettes dans le bas de l’article.

Herbe aux goutteux ?

Vous vous doutez que je n’ai pas fini. Elle est savoureuse mais pas que. Elle a aussi son côté médicinale.

Pour la petite histoire :

Le célèbre curé­herboriste Künzle (1857–1945) recommandait l’égopode podagraire contre les maux de dents et la toux.

Une tisane d’égopode podagraire utilisée en bain de siège est efficace contre les hémorroïdes.

On ne la surnomme pas herbe aux goutteux pour rien. On l’a utilisée depuis l’Antiquité pour soigner la goutte ou « podagre »,

Cette mauvaise  herbe envahissante a été cultivée dès le début du Moyen Âge dans les jardins de monastères et les jardins potagers pour ses propriétés bénéfiques. Pour l’anedocte : il est dit que les moines et les évêques, portés comme ils étaient sur la nourriture riche et le bon vin, en avaient grand besoin pour soigner leur goutte (affection  qui se caractérise par une inflammation des articulations, en général celle du gros orteil, provoqué par un excés d’acide urique).  En anglais, l’égopode est appelé Bishop’s weed.

De nombreuses propriétés

Les fruits ou les feuilles étaient appliquées en externe sur les parties endolories par la goutte, sous forme de cataplasme. Grâce à ses propriétés vulnéraires, les décoctions concentrées d’Ægopode, en application sur les piqures d’insectes, les plaies et les blessures peuvent en accélérer la cicatrisation et la guérison.

On peut aussi en réaliser une teinture. Cet article d’Althea Provence explique comment la réaliser.

Cette plante vivace a donc des propriétés diurétiques, vulnéraire (qui aide à guérir les blessures, les plaies), légèrement sédatives et anti­ inflammatoires.

Merci d’avoir lu jusqu’au bout 🙂 

J’espère vous avoir convaincu d’aller vite voir si vous en avez autour de votre maison ! 🙂 et de le gouter !

Je serais ravie de connaitre votre avis alors n’hésitez pas à me le donner en commentaire.

 A bientôt pour de prochaines découvertes sauvages !

Quelques recettes :

Pesto d’égopode

Ingrédients :

Egopode 40 feuilles, Ail des ours (article ail des ours) 15 feuilles, Amande effilées 10gr , Huile d’olive 30gr

Préparation :

Laver et essuyer les feuilles d’égopode, retirer les pétioles les plus épais. Couper au ciseau les feuilles.

Dans un pilon, ajouter les feuilles, les amandes et écrasez bien le tout. ajouter petit à petit l’huile d’olive.

Se garde au frigo 1 semaine. Idéal sur du pain grillé, dans les sauces de salade

Feuilles croustillantes d’égopode

Pour l’apéritif !

Ingrédients :

40 feuilles d’égopode, 10 cl d’huile d’olive, 1 pincée de sel

Préparation :

Laver et essuyer les feuilles d’égopode.

Badigeonnez les feuilles d’huile d’olive à l’aide d’un pinceau ou d’un morceau de papier absorbant.

Desséchez à four  doux (80° C) pendant 1 bonne heure.

2 Commentaires

  1. Merci pour cet article très intéressant . Il me tarde de faire une sortie de groupe afin de reconnaître tous les végétaux qui nous entourent . A bientôt !

    1. Bonjour Christine, merci pour votre commentaire ! et votre inscription ! La nature nous offre une telle diversité de plantes suivant les saisons, un vrai plaisir de vous les partager. A bientôt !

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